Les aventures texanes

12:59

C'est fou ce que le temps passe vite...
Je n'ai pas posté depuis plusieurs mois et c'était il y a longtemps déjà que je me suis envolée pour le premier long courrier de ma vie, direction Houston, Texas. J'ai mis longtemps à en parler, parce que j'étais fatiguée, parce que j'en ai beaucoup parlé, jusqu'à l’écœurement et surtout parce que même si c'était un voyage d'affaires, j'ai pris énormément de photos qu'il m'a bien fallu trier. 
Maintenant, je suis prête, j'ai soufflé un peu, j'ai organisé mes souvenirs et mes images, et je vais pouvoir vous raconter tout ce que j'ai vu, parce que oui, j'en ai pris plein les yeux, et pas seulement.

Houston

(Excusez-moi pour la qualité douteuse de la plupart des photos, elles ont souvent été prises avec mon iPhone pour cause de boulet en chef ayant oublié les piles de l'appareil.)

Houston
Avant de commencer, il faut que vous sachiez une chose : je n'ai jamais été de ceux que les Etats-Unis font rêver. Si vous voulez allumer des étoiles dans mes yeux, parlez-moi Japon, Corée, Amérique latine, Nouvelle Zélande. Les Etats-Unis ? Pourquoi pas, tout le monde en parle, mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça a de si incroyable ? Ca n'a pas l'air si différent de ce qu'on connaît déjà. 
Houston
Si ma maison mère n'avait pas été basée au Texas, j'aurais sans doute attendu plusieurs années, plusieurs décennies peut-être, avant de décider d'aller aux Etats-Unis. Si je n'avais pas été impliquée dans un projet qui réclamait ma présence outre-atlantique, je n'aurais sans doute pas été poussée à faire ce voyage. C'est un peu par hasard, un peu par chance, que, le 11 février 2012, je me suis retrouvée dans le vol Paris CDG-Houston de 10h et des brouettes. Il faut donc remercier le hasard, la chance et surtout mon chef : j'ai passé quinze jours aux Etats-Unis, et je me suis pris une belle claque. 
Maintenant, moi aussi je sais. Enfin je sais... Je comprends, un peu, un peu mieux. 
J'ai été au Texas, j'y ai travaillé, j'y ai fait beaucoup de rencontres et j'ai parcouru l'état dans toute sa longueur Est. Mais les Etats-Unis ne peuvent pas se résumer en un état, il y a autant de facettes qu'il y a d'états, de counties, de villes, d'habitants. Mon point de vue est forcément biaisé : j'ai visité le Texas, pas les Etats-Unis, et j'étais accompagnée de personnes qui y vivent, qui y grandi et dont certains sont devenus des amis. 
Houston
Je suis partie avec une montagne de clichés en tête : ceux que la télévision et le cinéma nous donnent et ceux que mes collègues, qui connaissaient déjà le Texas, m'ont transmis. Mon plus grand choc a été de réaliser que tout était vrai. On m'avait annoncé que les gens se baladaient dans la rue Stetson sur le crâne et santiags aux pieds. Et c'était vrai. Un collègue a même été fier de m'exhiber ses safety boots : de belles santiags de sécurité. On m'avait dit qu'ils portaient tous des chemises à carreaux un peu usées ou des chemises délavées en jean bien épais, pas des trucs mignons que les blogueuses mode porteraient (ou moi, d'accord), mais de vrais vêtements de bûcherons. C'était vrai aussi. Le vieux jean remonté aussi haut que possible avec le pli au milieu de la jambe ? Toujours vrai.
Mais si c'était juste ça, le Texas, j'aurais passé une journée à m'étonner et toutes les autres compter les jours avant mon retour en France. Mais ça n'a pas été le cas. C'est particulièrement difficile de mettre des mots sur ce que j'ai ressenti, ce que j'ai pensé. Je suis toujours partagée entre les journées de travail qui m'ont épuisées et ces week-ends où j'ai absorbé autant de Texas que possible, mais poser des mots sur tout ça, c'est mon meilleur moyen d'y parvenir.
Dallas
En atterrissant à l'aéroport international de Houston, la première chose qui m'a frappée, et qui forcément, m'a emballée, a été le bilinguisme. Tout, absolument tout, est affiché en anglais et en espagnol, voire, à certains endroits et dans certaines parties du Texas, en espagnol uniquement. Si vous ne vous en souveniez/ne le saviez pas, j'ai un master LEA anglais-espagnol et je n'ai pas eu l'occasion de parler autre chose qu'anglais depuis mon oral de fin de master, en septembre dernier. J'ai donc sauté sur l'occasion. Et j'ai été ravie d'une part de me rendre compte que j'étais toujours capable de comprendre et de m'exprimer, et d'autre part de me retrouver dans un environnement étranger dans lequel je comprenais tout ce qui se disait.
C'est idiot, mais ça a un côté un peu rassurant. Le voyage s'est préparé en moins d'un mois, j'étais loin de chez moi, je n'avais pas dormi avant le départ et encore moins de l'avion, mais j'étais bien.
Dallas
Beaucoup de personnes m'ont demandé comment j'avais réagi en entendant les Texans parler, et c'est face à ce genre de réactions que je me rends compte que mon jugement n'est déjà pas très objectif : j'ai toujours eu un excellent niveau d'anglais. Je ne me dirai pas bilingue car ce n'est pas ma langue maternelle et je n'ai jamais passé plus de deux semaines dans un pays anglophone, mais je n'ai aucun problème d'expression ni de compréhension. J"ai travaillé en anglais au quotidien pendant un an et demi avec des gens du Texas et d'un peu partout ailleurs. Alors je m'adapte très vite. Les Texans ont bien un accent, mais j'ai dû me forcer à y prêter attention, quand un collègue m'a avoué qu'il lui fallait se remettre dans le bain, parce que ça ne m'a pas posé problème.

 En revanche, j'ai été beaucoup plus frappée par la façon très détendue dont s'expriment les Texans. Je sais que les anglophones ont souvent tendance à se donner des surnoms et des petits noms mignons très rapidement, mais je ne m'attendais pas à les entendre aussi souvent en milieu professionnel, tout comme je ne m'attendais pas à un niveau de langue aussi familier. Des managers qui ponctuent toutes leurs phrases de "bud", "dude" et qui "fuckin' like it", je n'ai jamais réussi à m'y habituer. Cette façon de s'exprimer se retrouve aussi beaucoup dans la façon de se comporter au quotidien : les gens sont beaucoup plus nonchalents, plus cools et l'admettent volontiers. Combien de fois ai-je entendu "Hey, slow down, it's Texas, not NYC!" avant de finir par le reprendre moi-même ? Une fois de plus, c'est complètement déroutant quand on descend de l'avion avec ses petites habitudes d'européenne à tendance hyperactive (je parle pour moi ici) et qu'on se prend cette nonchalance en pleine face, dès le contrôle de douane, où j'ai passé facilement dix minutes à discuter tranquillement avec le douanier. "Where're you from? Oh France, I love France! First time in Texas? In the US? Welcome to the United States! Put your, what is it that you say? Pouce? Un deux trois fingers!" (Bon, OK, le fait que j'étais une fille en short y était sans doute aussi pour quelque chose aussi...)
Cette nonchalance se retrouve aussi au volant : les Texans sont calmes, très calmes, et même dans les bouchons d'une ville immense comme Houston, j'ai rarement entendu des gens klaxonner. Très déroutant pour moi. D'ailleurs, en parlant de voitures, encore un cliché que je n'ai pas réussi à effacer : oui, les Texans roulent dans de grosses, très grosses voitures.Nous roulions en Suburban, qui est finalement la norme là-bas. En deux semaines et trois week-ends, nous n'avons croisons que trois voitures qui, d'un point de vue français, seraient de taille normale. Là-bas, les gros pick up trucks ont la part belle et les seuls véhicules de taille modeste sont les Mustang et autres Corvette. Mais une fois de plus, une fois le décor planté, difficile d'être étonnée : la moindre petite route de campagne est une 2x2 voies bien large et confortable, les chambres d'hôtel qu'on paie deux fois moins cher qu'en France sont deux fois plus grandes et n'importe quel mall est plus grand que la plupart des centres commerciaux français.
Fort Worth
 N'allez pourtant pas croire que tous les Texans profitent de ce gigantisme parfois disproportionné : les contrastes sont au contraire frappants. S'ils ne vivent pas dans de grandes maisons dans les jolies banlieues que l'on voit à la télévision, ils vivent dans des mobile-homes. Et je ne crois pas exagérer en disant qu'il n'y a peu ou pas d'entre deux. Cette multitude de petites maisonnettes qui semblent si peu accueillantes m'a frappée, et encore plus quand je me suis aperçue que ça n'empêchait pas leurs propriétaires de posséder plusieurs voitures, et très souvent, d'après ce que l'on a pu me dire, un matériel hi-fi dernier cri. Leurs priorités sont visiblement différentes des miennes. On retrouve ce contraste à un peu tous les niveaux. Les routes sont en bien meilleur état que la plupart des routes françaises, mais les feux rouges pendouillent à des câbles de façon peu rassurante. Bien sûr, quand on sait que les tornades arrachent régulièrement tout sur leur passage, on comprend un peu mieux. Mais les contrastes se remarquent aussi à l'échelle des villes. A Houston, on se sent vraiment dans un environ international, moderne, dynamique. Au fin fond du Texas, c'est un peu différent et on a un peu l'impression d'avoir fait un saut en arrière dans le temps.
Elm Street (Dallas)
On retrouve cependant un peu plus uniformité dans tout l'état dans au moins deux domaines : la nourriture et la religion. Si vous vous imaginiez que les Texans se nourrissaient principalement de bons burgers bien gras, vous aviez tout faux. En fait, en quinze jours, je n'ai mangé que deux burgers (dont un dans un Hard Rock Café, donc ça ne compte pas).  Et il est vrai qu'il est difficile d'avoir la même alimentation d'une ville à l'autre puisqu'il existe très peu de restaurants indépendants : la plupart sont des chaînes qu'on retrouve dans tout l'état, voire dans tous les Etats-Unis. Au Texas, on sent beaucoup plus l'influence des îles et du Mexique dans l'alimentation : les restaurants les plus fréquentés proposent des plats cajun, tex mex, beaucoup de poissons et, évidemment, du boeuf excellent. Et j'ai mangé les meilleurs sushis de ma vie dans un sushi bar à Dallas (Puis je me suis rendue compte que les poissons avaient été pêché au mieux en Lousiane, mais sinon au Texas, sur le Golfe du Mexique, donc à proximité des plateformes pétrolières et des raffineries. Miam !).
En ce qui concerne la religion, je suppose que ça ne surprendra personne si je vous dis qu'elle fait partie intégrante de la vie quotidienne. Néanmoins, le nombre d'églises à travers tout l'état est impressionnant. Vraiment. Le moindre petit hameau perdu au milieu des champs aura son lieu de culte, et chaque bâtiment est, si ce n'est neuf, particulièrement bien entretenu, grâce aux donations des fidèles. En effet, beaucoup de Texans font partie d'une église à qui ils reversent un pourcentage de leur salaire, ce qui, sur les hauts revenus, peut représenter une somme considérable. Elle permet de financer l'entretien des bâtiments, mais également de nombreuses animations pour la communauté et beaucoup de publicité. C'est quelque chose qui paraîtrait inimaginable en France : devant chaque église, un panneau lumineux invitera les fidèles à entrer. J'avais même commencé une collection de photos de ces panneaux mais ils sont tellement nombreux et différents que c'est vite devenu impossible. En dehors de ceux-ci, des panneaux publicitaires telle ou telle communauté sont disséminés un peu partout dans les villes et le long des routes. Et ce n'est pas un cliché, mais les publicités pro-life sont partout, vraiment, à tel point que j'en étais parfois mal à l'aise. Je ne sais pas quelle était l'opinion de mes collègues à ce sujet car je n'ai pas osé l'aborder, alors que nous avons pu discuter tout à fait ouvertement de leur rapport avec la religion et l'argent.
Le dernier coucher de soleil (Houston)

Je ne veux pas porter un jugement sur tout ce que j'ai vu. Je ne peux pas. Il y a des choses qui me paraissent mieux qu'en France, d'autres moins bien. Mais finalement, il est impossible de comparer tant tout est différent. Reste que je m'y suis sentie bien, et que maintenant, je comprends beaucoup mieux tous ces gens qui rêvent d'y retourner. J'en fais aussi partie.
Vous auriez peut être préféré que je vous parle des villes que j'ai visitées, de Houston qui s'étend à l'infini, des paillettes que Dallas m'a collé dans les yeux, du charme de Fort Worth ou des faux airs de Disneyland de Galveston, des plages du Golfe du Mexique, mais j'ai l'impression que mon billet aurait été inutile. Ou plutôt, banal. Vous trouverez assez facilement des compte-rendus sur tous ces endroits, sans doute plus complets que les miens. J'ai préféré parler du Texas en général, de tout ce qui m'a surpris mais qui m'a marqué.
Et mon plus beau souvenir n'a pas grand-chose à voir avec le reste du voyage : c'était le 25 février, où j'ai été réveillée par un message vocal que j'ai bien eu du mal à réussir à écouter. Le fait de me lever au Texas pour la dernière fois dans un hôtel superbe avec vue sur le Golfe du Mexique aurait pu suffire, mais c'est aussi ce jour-là que le plus beau bébé du monde a décidé de pointer le bout de son nez de l'autre côté de l'Atlantique. Je crois qu'il y a rarement eu passagère au sourire plus idiot dans l'aéroport de Houston.
 C'était il y a six mois, mais à chaque fois que j'en reparle, j'ai l'impression que c'était hier. Et je n'ai qu'une hâte : repartir. Ma liste de futurs voyages s'est enrichie de plusieurs road-trips aux Etats-Unis et j'espère bien retrouver les sensations de ce premier voyage la prochaine fois.

(Des photos en vrac dans la suite de ce billet)



"Hey Houston, we have a problem!" (Nassau)

Kemah Amusement Park

Houston

En route pour Dallas
Fort Worth

Fort Worth

Fort Worth

Ceci n'est pas un attrape-touristes (Fort Worth)

Fort Worth
Fort Worth

Long horns (Fort Worth)

Fort Worth

Animaux empaillés, peaux de bête, cuir, meubles massifs... Ce n'est pas cliché, c'est typique ! (Fort Worth)

Mélange des genres (Fort Worth)

Fort Worth
Dallas

Dallas

JFK Memorial (Dallas)

Elm Street (Dallas)

Retour à Houston

Retour à Houston
Houston

Ce que j'avais sous les yeux en apprenant la naissance d'Aeden (Galveston)

Galveston

Galveston

Galveston

Galveston

Conduire sur la plage :) (Galveston)

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7 petits mots

  1. Très bel article :)

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  2. J'aaaaai touuuut luuu :D

    Pour être franche, le texas était l'état qui m'attirait le moins des US. J'avais l'impression que la pop' locale était un peu arriérée ... A cause des clichés de la tv américaine -_-
    Mais avec ton article, ça m'ouvre largement, ça donne envie de visiter. Je rêve d'aller aux US pour voir New York mais aussi les campagnes américaines avec les magnifiques paysages :)

    Des bisous ^^

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    1. Il y aura toujours des gens qui nous paraîtront arriérés, partout. Les clichés sont vrais, mais il ne faut pas s'arrêter à ça, il y a tellement plus à découvrir !
      Avant ce voyage, je n'étais pas spécialement attirée par les USA, mais maintenant, je suis comme toi, j'en veux plus et je compte bien partir en road trip un peu partout :D

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  3. j'ai adorééééééééé lire ton article, on sent l'émotion quoi^^
    ca change en effet des articles classiques genre voilà les usa c'est cool voici des photos wahou! et tant mieux :)

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    1. Merci ! Ca me fait vraiment plaisir, ta réaction est exactement ce que je voulais :) Donc merci merci merci !

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  4. (Je t'avais laissé un commentaire mais il n'ait visiblement pas passé, j'espère avoir plus de chance avec celui-ci ^^)

    J'ai beaucoup aimé ton article, c'est marrant de voir que les clichés sont en fait des réalités. Les photos sont chouettes et ça se sent que ce voyage t'a plu donc c'est encore plus chouette :).

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Merci d'être passé(e) ici et encore merci pour le petit mot que vous vous apprêtez à écrire.

Cécile ♥

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