Il y a neuf mois, j'ai emménagé dans mon petit studio strasbourgeois, après quelques semaines d'hôtel, de galère, de gros coups de blues. J'étais venue pour six mois, alors je n'avais pas été très regardante. Mon petit studio en rez-de-chaussée près de l'entrée avec sa moquette partout, sa cuisine équipée et sa grande baignoire dans la salle de bain m'avait paru parfait. Je ne l'ai pas beaucoup meublé, la déco était faite maison avec des petites choses qui me ressemblent, mais c'était chez moi, un endroit où rentrer le soir, m'enrouler dans ma couette, regarder des séries avec Cookie, pleurer un peu la distance, danser comme une folle. Et puis il y a eu la rupture, le boulot, Nino, et il est devenu un peu étroit. Ce voisin trop insistant, et il est franchement inconfortable. J'ai passé l'été à regarder les petites annonces, à hésiter. J'ai finalement posé mon préavis et, coup de chance monstrueux, trouvé un nouvel appartement qui, cette fois-ci, s'annonce vraiment parfait. Et ça y est, demain, je déménage, j'emménage, je m'installe. Pour de bon ?

Je devrais être ravie. Et sincèrement, je le suis. Mais il y a toujours ce petit pincement au coeur. Revoir toute sa vie dans une vingtaine de cartons. Les fantômes de tous les visiteurs qui sont passés ici, de ceux qui ont parcourus tous ces kilomètres pour moi. Les souvenirs de la fois précédente où j'avais fait mes cartons, il y a neuf mois, à 1000km d'ici. Retirer les images de ces murs qui, nus, ne m'appartiennent déjà plus. Nettoyer et rendre toute son impersonnalité à ce studio.

Ce soir, je passe ma dernière nuit dans mon premier appartement strasbourgeois, et c'est un peu comme si je quittais mon premier appartement pour la deuxième fois. Et après tout, c'est un peu le cas. Comme la première fois, j'ai hâte, je trépigne d'impatience, je rêve déjà déco, soirées et nuits d'été depuis des semaines. Cette dernière nuit sera un peu triste, mais la prochaine sera sans aucun doute magique.