De la ville à la campagne

07:00


Il y a dix ans, je quittais le domicile familial pour partir à la conquête de Bordeaux. Il y a dix ans, je tournais joyeusement le dos à dix-sept ans de vie à la campagne, loin de tous transports en commun ou d'une connexion Internet fiable. Il ne m'a pas fallu longtemps pour devenir un rat des villes averti et pour apprécier tous les avantages de ma nouvelle vie citadine. Tous ceux qui m'ont rencontrée depuis auraient eu du mal à s'imaginer que j'avais pourtant passé le gros de mon enfance à lire dans les arbres et à faire du vélo dans les champs. C'est vrai qu'on voit difficilement mes petites robes et mes talons hauts sur un chemin de terre !
Et pourtant ! Je viens d'un petit village qui n'atteint même pas le millier d'habitants (en comptant les vaches) et il y a dix ans, quand j'ai découvert les bonheurs de la ville, je m'étais jurée que la campagne, c'était fini pour moi. 

La ville a été mon terrain de jeu pendant dix ans mais il y a quelques mois, contre toutes attentes, j'ai fait le choix de m'en éloigner à nouveau. J'avais très peur de cette décision, de regretter, de ne pas retrouver ma place. Et au final, c'est tout le contraire. 
Je ne vous parlerai pas des évidences, de l'air plus pur, des loyers moins chers, du temps de trajet qui reste le même grâce au temps que je ne perds plus dans les bouchons. 
Sur moi, la ville a un effet anxiogène et étouffant. Ce n'est pas le bruit, j'ai toujours vécu dans des quartiers calmes. Mais quelque chose fait que je ne me détends jamais vraiment complètement, je reste en alerte et le seul moyen que je trouvais de me ressourcer était de me rouler en boule au fond de mon canapé devant des séries. La ville me renfermait au lieu de m'ouvrir. Le soir, après une journée d'un boulot certes passionnant, mais aussi stressant et usant, je n'étais pas capable de passer à autre chose. La ville m'épuisait. 

Maintenant, je me détends automatiquement dès que je quitte l'autoroute pour traverser les champs qui me séparent de la maison. Je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai d'abord vu le résultat sur ma peau : le teint moins brouillé, les cernes moins marqués. Et j'ai réalisé que j'étais plus facilement apaisée, que je dormais mieux. Une nouvelle fois, rien à voir avec le calme. 
La campagne n'a rien de silencieux, entre les animaux, les bruits des tracteurs, les enfants qui crient et qui courent, le vent qui siffle entre les maisons. Mais tout ce bruit, c'est de la vie à l'état pur et ça me donne envie d'y participer. Je vois les enfants jouer au milieu de la route comme je le faisais et au lieu de m'agacer, j'en ris. 
La campagne m'a réappris à lâcher du lest, à ne plus tout contrôler. Il y a encore quelques semaines, il aurait été imaginable de me montrer sans maquillage à des inconnus, dans une tenue approximative qui plus est. C'est sans doute un exemple futile, mais c'est le plus parlant pour moi. Je sors sans maquillage, je croise des gens, je discute avec eux, et ça ne me dérange plus, moi qui aurait été incapable de sortir faire quelques courses sans un peu de mascara.
La campagne me rend plus dynamique, plus active. Je sors plus, je marche plus, je fais du sport avec plaisir. Bien sûr, le fait d'être désormais maman d'un chien y est pour beaucoup, mais le fait de pouvoir profiter de beaux endroits sans personne, ou presque, est tout de suite plus motivant. Pourtant, on croise des gens, des tas même. Mais je connais leur nom, moi qui n'ai jamais réussi à connaître celui de mes voisins d'immeuble. Alors on se sourit, on se dit bonjour et on continue le reste de la journée avec plaisir. 
Je ne pensais pas réapprécier ces moments, moi qui reprochait aux villages leur manque d'intimité. Oui, c'est certain, tout le monde connaît tout le monde et sait tout ce que tout le monde fait. C'est sans doute plus difficile à accepter quand on est ado, mais qu'est-ce que ça peut faire ? 
Je pensais que l'accessibilité de la ville me manquerait. Mais finalement, j'ai une petite ville et son supermarché à deux minutes de la maison, je retrouve Strasbourg en trente minutes et je peux partir explorer l'Alsace encore plus facilement qu'avant. Et en plus, l'air est tellement plus doux à respirer !
Alors je ne dis pas que je ne reviendrai jamais à la ville ou qu'il faut la quitter à tout prix pour être heureux. Mais pour moi, c'est certain, ça y a fortement contribué. Et puis, c'est quand même magique de voir le soleil se lever sur la montagne depuis son lit tous les matins.


Ten years ago, I left our family home to conquer Bordeaux. Ten years ago, I turned my back on seventeen years living in the It didn't take me long to become a true town rat and enjoy all of what my new life in the city had to offer. I don't think any of the people I met then would have imagined that I had spent most of my childhood reading on top of trees or biking in fields. True, it isn't easy to picture my little dresses and high heels on an muddy road!
Yet I come from a small village with less than a thousand inhabitants (including cows) and ten years ago, when I first discovered the joys of a life in the city, I swore I would never go back.

The city has been my home for ten years but a few months ago, against all odds, I decided I wanted to fly away again. The decision scared me a lot, and I was afraid I would regret it, I would not adjust. Yet none of this happened: it has been a bliss.
I will not tell the obvisous, how you can breathe more easily, a rent is cheaper and driving doesn't even take that long since there is not so much traffic.
The city made me nervous and suffocating. It was the noise, I have always lived in quiet neighbourhoods. But something makes it hard for me to relax completely, I stay alert and the only thing I could do to rest was curl up on my couch and watch TV shows. The city shup me down instead of opening me up. At night, after a long day of an engaging, yet stressful, job, I was unable to think of anything else. The city wore me out.

Now I automatically calm down as soon as I get out of the motorway to drive through the fields that lead me home. At first I didn't realise. I first saw the results on my skin: it was clearer, with fewer dark circles. Then I realised I was calmer, I would sleep better. Once again, nothing to do with a quieter atmosphere.
There is nothing quiet about the countryside, with animals and tractors and children running and wind whistling between the house. But that noise is pure life and it makes me want to have my say. I watch the kids play on the road as I used to when I was their age and it doesn't piss me off, it makes me laugh.
The countryside makes me back off and learn not to control everthing. A few weeks ago, it would have been crazy for me to go out with no makeup on. It may sound silly but it was a major issue for me. Now I go out bareface, I meet people, I talk to them and I don't mind. 
The countryside makes me more active, more dynamic. I go out more often, I walk more, I enjoy doing exercice. Of course, it helps now that I am a mom to a cute dog, but it also helps to have such a nice, boosting environment. Of course, there still are people, a lot of them. But I know their name, even though I never knew my former building neighbours. Now we smile, we greet and keep going with our day.

I never thought I would enjoy all those things I used to hate as a teen. I also thought villages lack intimacy. Of course, everyone knows everyone and knows what anyone is up to. It sure is harder to live with when a teen, but now, who cares?
I thought I would miss the city comfort but there is a supermarket two minutes away from home and Strasbourg is only half an hour away. And it is even easier to go and explore my beautiful Alsace!
So I'm not saying I will never go back to the city, or that you have to leave it to live happy. But it definitely helped me. And everyday gets magical when you get to wake up watching the sun rise on the moutains every morning!

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2 petits mots

  1. Je quitte la ville pour la campagne ce week end, je n'ai toujours connu que la ville alors j'appréhende un peu. Ton article m'a fait du bien, j'espère le vivre aussi bien que toi !!
    Bises

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    Réponses
    1. Je te le souhaite en tout cas. Et sinon, un petit coup de voiture et on retrouve vite le brouhaha de la ville !

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Merci d'être passé(e) ici et encore merci pour le petit mot que vous vous apprêtez à écrire.

Cécile ♥

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