Etre bénévole aux Restos du Coeur
08:00
Ca a commencé comme une mauvaise blague : moi, la petite fille parfaite à la scolarité brillante, je me suis retrouvée au chômage. Depuis quelques mois, je cherche du boulot. Et depuis quelques mois, je collectionne les refus. Je pourrais vous parler de ça et faire un long article sur le chômage des jeunes diplômés. En fait, je l'ai même prévu, mais c'est pas évident à écrire. Avant de râler un peu, je voudrais plutôt commencer par le côté sympa de la chose et je vais donc vous raconter comment je suis devenue bénévole aux Restos du Coeur et comment ça se passe.
Ne pensez pas que j'aie décidé de devenir bénévole par pure bonté d'âme. J'avais envie de rejoindre une association depuis déjà plusieurs années mais je ne l'avais jamais fait, par manque de temps et pour cause d'emploi du temps trop aléatoire. C'est qui m'a finalement poussé à franchir le pas après des semaines à tergiverser, c'est l'ennui.
Quand tu es au chômage, tu es tout seul avec toi-même du matin au soir, et même si Internet et les chats, c'est sympa, traîner avec des humains finit par devenir un besoin irrépressible. Bref, un jour de novembre, j'ai donc repris la liste des associations que j'aimerais bien aider un jour et j'ai essayé de faire un choix. Petite, je me voyais bien aider la SPA, mais adulte, je me rends compte que j'aurais mal supporté la ronde des animaux fraîchement abandonnés remplaçant ceux fraîchement euthanasiés pour cause de maladie ou de malchance. J'ai finalement choisi les Restos du Coeur, parce que j'avais envie d'aider des gens qui en avaient besoin et que mon grand-père avait aussi été bénévole pendant les années de sa retraite où il était un peu plus fringuant. Pour soumettra sa candidature, rien de plus simple : un formulaire en ligne à remplir et voilà !
Je pense que le service RH des Restos envoie les coordonnées des aspirants bénévoles aux centres en fonction de leur proximité géographique et de leurs disponibilités. J'étais disposée à donner de mon temps du lundi au vendredi. Quelques semaines plus tard, j'ai donc été contactée par la responsable du centre de distribution le plus proche de chez moi. Après un entretien très bref, je suis devenue bénévole deux matins par semaine.
Bénévole dans un centre de distribution, qu'est-ce que ça veut dire ?
Un centre de distribution accueille des familles aux revenus faibles et leur apporte un complément alimentaire. Alors oui, commençons par les clichés : il y a des étrangers qui ne parlent pas un mot de français, des familles qu'on qualifierait de trop nombreuses si on ne craignait pas qu'on nous dise de nous mêler de nos affaires et des gens qui profitent du système. Mais c'est loin de concerner la majorité des bénéficiaires. Au contraire, j'ai été frappée par le nombre de seniors qui ont besoin de ce service. On le voit à la télé mais on n'y croit pas trop parce qu'ils racontent ce qu'ils veulent bien dire. Mais voilà, aux Restos, on constate que oui, beaucoup des plus de 50 ans ont du mal à retrouver un emploi, et oui, beaucoup de retraités galèrent à joindre les deux bouts. On voit aussi des familles nombreuses ou monoparentales, des gens avec un handicap plus ou moins lourd et plus ou moins visible, des gens qu'on ne remarquerait pas dans la rue et qui n'ont pas envie que les autres sachent qu'ils ont besoin des Restos pour vivre, des gens qui ont eu un peu moins de chance que les autres... Un peu de tout, quoi.
Le centre de distribution où je suis bénévole fournit donc de la nourriture : des légumes et des fruits, des conserves, des produits laitiers, quelques produits frais. Mais aussi et surtout, un contact humain, un petit moment sympa dans un quotidien qui ne l'est pas forcément, un sourire, quelques blagues. Les bénéficiaires ont été ravis de voir une petite nouvelle débarquer, adorent complimenter mes cheveux qui ajoutent un peu de couleur dans "ce monde si triste, parce qu'il y a bien besoin quand même". Je suis contente de voir que certains sont justement pressés d'arriver à ma hauteur pour échanger un bonjour et un sourire, que d'autres prennent des nouvelles de mes recherches d'emploi, que les mamies me racontent les visites de leurs petits-enfants. Cette année, mes souhaits de bonne année ne se limitaient pas à des cartes de voeux froides et impersonnelles, mais à des phrases chaleureuses et à des remerciements sincères "parce que c'est super ce que vous faites, merci de donner votre temps comme ça, alors que vous pourriez faire autre chose".
A Noël, j'ai aussi eu l'occasion d'aller emballer des cadeaux dans un des centres commerciaux de Strasbourg. L'argent récolté sert cette fois à faire tourner les centres : les camions des collectes ne roulent pas grâce à l'air et à la bonne volonté de leurs chauffeurs.
Les Restos du Coeur ne se contentent pas de fournir une aide alimentaire : ils accompagnent aussi les personnes pour les aider à avoir une vie plus normale. Cela va de l'aide aux devoirs aux séances de cinéma, qu'il m'arrive parfois d'accompagner.
Tout n'est pas rose pour autant. Comme je l'ai écrit plus haut, quelques personnes profitent un peu du système, d'autres font semblant de ne pas comprendre que non, une personne seule ne peut pas recevoir autant qu'une famille avec enfants et font un scandale. Ces moments-là ne sont jamais agréables.
Les distributions sont souvent fatigantes, car entrecoupées de livraisons, et ce n'est rien comparé à l'emballage des cadeaux. Vous pensiez que faire des paquets était simple ? Oui, mais ça l'est moins quand on est debout devant une table trop petite pendant 6h d'affilée, à tenter de garder le sourire malgré les gens qui déversent leurs paquets sur cette même table sans se soucier si vous êtes en train de faire quelque chose ou pas, malgré les râleurs qui trouvent que ça ne va jamais assez vite, malgré les mécontents qui oublient qu'au final, on n'est que bénévoles, pas superhéros.
Ce que la plupart des gens oublient aussi bien souvent, c'est que les bénévoles sont là sur leur temps libre. Or, les personnes qui ont suffisamment de temps pour aider sont retraités. Les bénévoles ne sont souvent plus très jeunes : dans mon centre, nous sommes seulement 3 à avoir 30 ans ou moins. Et je suis très admirative de ces personnes qui ont largement passé la soixantaine qui tiennent toujours les distributions les plus longues (il m'est arrivé de rentrer chez moi après 14h alors que j'étais là depuis 8h30, et non, on ne fait pas de pauses café).
Certains matins, je suis fatiguée, en retard dans mes candidatures, et je préférerais rester au lit avec mes chats, mais finalement, je suis quand même contente de me lever, de participer un peu moi aussi et d'aider. Et les Restos m'aident aussi, d'une certaine façon, à rester motivée, à garder un rythme, à me sentir utile et à avoir une place dans la société. Je suis chômeuse, oui, mais je ne chôme pas.
Bénévole dans un centre de distribution, qu'est-ce que ça veut dire ?
Un centre de distribution accueille des familles aux revenus faibles et leur apporte un complément alimentaire. Alors oui, commençons par les clichés : il y a des étrangers qui ne parlent pas un mot de français, des familles qu'on qualifierait de trop nombreuses si on ne craignait pas qu'on nous dise de nous mêler de nos affaires et des gens qui profitent du système. Mais c'est loin de concerner la majorité des bénéficiaires. Au contraire, j'ai été frappée par le nombre de seniors qui ont besoin de ce service. On le voit à la télé mais on n'y croit pas trop parce qu'ils racontent ce qu'ils veulent bien dire. Mais voilà, aux Restos, on constate que oui, beaucoup des plus de 50 ans ont du mal à retrouver un emploi, et oui, beaucoup de retraités galèrent à joindre les deux bouts. On voit aussi des familles nombreuses ou monoparentales, des gens avec un handicap plus ou moins lourd et plus ou moins visible, des gens qu'on ne remarquerait pas dans la rue et qui n'ont pas envie que les autres sachent qu'ils ont besoin des Restos pour vivre, des gens qui ont eu un peu moins de chance que les autres... Un peu de tout, quoi.
Le centre de distribution où je suis bénévole fournit donc de la nourriture : des légumes et des fruits, des conserves, des produits laitiers, quelques produits frais. Mais aussi et surtout, un contact humain, un petit moment sympa dans un quotidien qui ne l'est pas forcément, un sourire, quelques blagues. Les bénéficiaires ont été ravis de voir une petite nouvelle débarquer, adorent complimenter mes cheveux qui ajoutent un peu de couleur dans "ce monde si triste, parce qu'il y a bien besoin quand même". Je suis contente de voir que certains sont justement pressés d'arriver à ma hauteur pour échanger un bonjour et un sourire, que d'autres prennent des nouvelles de mes recherches d'emploi, que les mamies me racontent les visites de leurs petits-enfants. Cette année, mes souhaits de bonne année ne se limitaient pas à des cartes de voeux froides et impersonnelles, mais à des phrases chaleureuses et à des remerciements sincères "parce que c'est super ce que vous faites, merci de donner votre temps comme ça, alors que vous pourriez faire autre chose".
A Noël, j'ai aussi eu l'occasion d'aller emballer des cadeaux dans un des centres commerciaux de Strasbourg. L'argent récolté sert cette fois à faire tourner les centres : les camions des collectes ne roulent pas grâce à l'air et à la bonne volonté de leurs chauffeurs.
Les Restos du Coeur ne se contentent pas de fournir une aide alimentaire : ils accompagnent aussi les personnes pour les aider à avoir une vie plus normale. Cela va de l'aide aux devoirs aux séances de cinéma, qu'il m'arrive parfois d'accompagner.
Tout n'est pas rose pour autant. Comme je l'ai écrit plus haut, quelques personnes profitent un peu du système, d'autres font semblant de ne pas comprendre que non, une personne seule ne peut pas recevoir autant qu'une famille avec enfants et font un scandale. Ces moments-là ne sont jamais agréables.
Les distributions sont souvent fatigantes, car entrecoupées de livraisons, et ce n'est rien comparé à l'emballage des cadeaux. Vous pensiez que faire des paquets était simple ? Oui, mais ça l'est moins quand on est debout devant une table trop petite pendant 6h d'affilée, à tenter de garder le sourire malgré les gens qui déversent leurs paquets sur cette même table sans se soucier si vous êtes en train de faire quelque chose ou pas, malgré les râleurs qui trouvent que ça ne va jamais assez vite, malgré les mécontents qui oublient qu'au final, on n'est que bénévoles, pas superhéros.
Ce que la plupart des gens oublient aussi bien souvent, c'est que les bénévoles sont là sur leur temps libre. Or, les personnes qui ont suffisamment de temps pour aider sont retraités. Les bénévoles ne sont souvent plus très jeunes : dans mon centre, nous sommes seulement 3 à avoir 30 ans ou moins. Et je suis très admirative de ces personnes qui ont largement passé la soixantaine qui tiennent toujours les distributions les plus longues (il m'est arrivé de rentrer chez moi après 14h alors que j'étais là depuis 8h30, et non, on ne fait pas de pauses café).
Certains matins, je suis fatiguée, en retard dans mes candidatures, et je préférerais rester au lit avec mes chats, mais finalement, je suis quand même contente de me lever, de participer un peu moi aussi et d'aider. Et les Restos m'aident aussi, d'une certaine façon, à rester motivée, à garder un rythme, à me sentir utile et à avoir une place dans la société. Je suis chômeuse, oui, mais je ne chôme pas.
Je n'ai pas écrit cet article pour me faire mousser. Non. Je l'ai écrit pour partager cette expérience, montrer une des facettes de l'aide aux démunis en France et surtout, encourager ceux qui le peuvent à aider, eux-aussi. Je ne pense pas être la seule à galérer à retrouver du boulot et donc à avoir un peu plus de temps libre. Je ne pense pas être la seule à pouvoir donner 5€ ou 3kg de pâtes sans réfléchir. Pourtant, on n'est pas si nombreux à le faire. Essayez, vous verrez, c'est plutôt sympa d'aider :)
3 petits mots
Merci pour cet article touchant mais aussi tellement ancré dans le réel. Je n'ai jamais été bénévole dans une asso, mais ma mère l'a été pour les Restos du Coeur, et comme toi elle y a trouvé des gens de tout âge, démunis... C'est une très bonne chose d'agir dans ce sens.
RépondreSupprimer(et je ne peux que te rejoindre sur le chômage des jeunes diplômés... j'ai mis plus d'un an et demi à trouver un boulot à peu près dans ma branche, et en ayant droit à aucune aide pendant ce temps là...)
Merci de ce témoignage ! Etant donné que je suis en péraparation pour mes concours d'EJE, il m'était vivement conseillé d'aller dans une association pour voir ce c'était d'aider les autres. j'ai justement pensé aux Restos du Coeur à qui j'ai envoyé ma demande. Malheureusement, je ne sais pas si c'est à cause de mon âge ou autre, ils m'ont répondu qu'ils avaient assez de monde (ce qui n'a pas été très crédible, puisque le matin même à la radio, le président de l'association à Limoges, là ou j'habite, a relancé un appel aux bénévoles...)
RépondreSupprimerJ'aurais vraiment aimé les aider. Si l'an prochain, je suis dans une autre ou même si je reste à Limoges, je redemanderai :D
Essaie peut-être de contacter directement un bénévole ou un des cadres des Restos si c'est possible, ça devrait t'aider ! On a eu un stagiaire la semaine dernière qui a fait le tour des centres de Strasbourg et il a été très bien accueilli.
SupprimerSinon, la campagne d'hiver finit en mars, mais tu peux aussi faire la campagne d'été. Il y a moins de bénéficiaires en général mais les petites mains sont toujours appréciées :)
Et en attendant, tu as aussi des associations comme les Petits frères des pauvres, et tu peux aussi voir avec ta mairie s'il existe d'autres organismes du même type :)
Merci d'être passé(e) ici et encore merci pour le petit mot que vous vous apprêtez à écrire.
Cécile ♥